Ahmedabad
1960
Il s’agit de Morarji Desai, à l’époque ministre des Finances de l'Inde et vice-premier ministre, et également dirigeant politique du Gujarat qui lors d’une exposition à Ahmedabad a vu pour la première fois la proposition de projet. Il a demandé au Premier ministre du Gujarat de lancer les premières études de faisabilité techniques (Banerji, 2011).
Cependant, le coût de la mise en place d’un tel projet demandait de gros efforts financiers. Les études de faisabilité réalisées par la station centrale de recherche sur l'eau et l'énergie du gouvernement du Gujarat (CWPRS) ont stipulé que 40% des terres soient louées ou vendues pour couvrir les dépenses. Ainsi, aucune décision d’entreprendre les travaux n’a été prise.
Pendant ces réflexions, la ville d’Ahmedabad continuait son extension et l’accroissement de sa population se poursuivait. De nombreuses personnes n’avaient pas accès à des logements abordables. Le secteur informel s’est développé de manière fulgurante. Enfin, de nombreuses personnes sans ressources ont commencé à s’installer sur les rives du fleuve dans des logements vulnérables alors que ces parcelles étaient destinées à un usage institutionnel. Ainsi, à la fin des années 1960, plus de 2200 familles vivaient sur les berges du fleuve (Mathur, 2012). Alors que de nombreuses industries ont commencé à reverser leurs eaux usées et leurs effluents dans le fleuve, la conscience collective de sauvegarder les rives du fleuve a émergé.
Au début des années 1960, Ahmedabad est une ville peuplée d’un million deux cent mille habitants. À l’origine de ce projet en 1964, Bernard Kohn, architecte de nationalité française et américaine imagine un espace unique accessible au plus grand nombre sur les rives du fleuve de la Sabarmati. Alors qu’il vient de fonder deux ans auparavant le Centre for Environmental Planning & Technology (CEPT, école d’architecture) avec BV Doshi, architecte indien, Bernard Kohn propose au sein de l’école une première esquisse de projet de 3 km (Kohn, 1968).
Conscient de la difficulté climatique de la région, il propose de construire un barrage en aval afin que l’eau soit présente dans le lit du fleuve à l’année et non simplement durant les quatre mois de mousson. Cependant, cette volonté de maintenir l’eau sur douze mois ne doit pas entraver le bon fonctionnement des activités déjà présentes le long des rives du fleuve, à savoir : les cultures maraîchères, l’extraction de sable ou encore les rites religieux (Kohn, 1968). Dans son objectif de faire profiter l’accès aux berges au plus grand nombre, il insère des ghâts (en Inde, il s’agit d’un ensemble de marches qui recouvrent les rives des cours d’eau), il dévie la voirie et propose un nombre de constructions limité mêlant commerces, loisirs et résidences afin de financer le projet dans son ensemble.
En 1966, le gouvernement du Gujarat nomme un comité spécial pour examiner la proposition de B. Kohn lorsqu’un homme d’envergure nationale se montre intéressé par le projet.